PRIX FONDATION SCELLES 2022-2023
les jeunes engagés contre l'exploitation sexuelle aux côtés de la Fondation Scelles
8ème édition
Palmarès
une très belle soirée, deux gagnantes.
PRIX DU JURY 2022-2023
Mathilde Le Collonnier
PRIX DU PUBLIC 2022-2023
Estelle CAPRA
Concours de réquisitoires
les 10 Réquisitoires des candidat.e.s de l'ENM
6ème collaboration avec l'Ecole Nationale de la Magistrature
10 futur.e.s substitut.e.s du procureur de la promotion 2020 de l’École nationale de la magistrature ont participé, le 2 mai dernier, dans le cadre de la préparation aux premières fonctions « parquet », au concours de réquisitoires des Prix Jeunes contre l’exploitation sexuelle organisé par la Fondation Scelles. Le cas pratique traitait cette année d'une affaire de proxénétisme sur mineur.e.s avec utilisation des outils de nouvelles technologies de l'information et de la communication.
Réquisitoire 1 - Clotaire Zengomona
Extrait du réquisitoire
" Il nous dit qu’Amélie paraissait consentante, mais la réalité est tout autre. L’absence de consentement n’est pas une condition légale du délit de recours à la prostitution. Et au fond, dans la prostitution, il y a la contrainte. Là où il y a contrainte, point de consentement.
Il nous dit qu’Amélie devrait être poursuivie, mais la réalité est tout autre. Monsieur Michel est un client, exploitant la fragilité d’une fillette pour ses fantasmes ; de cette exploitation, Amélie est victime.
Je vous demande de bien vouloir le déclarer coupable du délit de recours habituel à la prostitution d’un mineur, et d’entrer en voie de condamnation. "Réquisitoire 2 - Lila Lizée-Ruiz
Extrait du réquisitoire
" Hashtag vie de princesse, Hashtag argent facile, Hashtag Escort. En quelques clics, les abysses d'internet offrent aux proxénètes un moyen facile, discret et rapide de se livrer à leur activité. (...) Pour que chacun reprenne la place qui est la sienne, je me dois de rappeler que l'engrenage de la prostitution ne peut exister que par l'Alliance de 2 acteurs dont les faits sont pénalement répréhensibles, sous des formes distinctes. L'organisateur proxénète, d'une part, le client prostitueur d'autre part. (…) Les rôles sont répartis, les moyens d'action identifiés, les cibles minutieusement choisies. Le principe de départ est simple, chaque faiblesse constitué un atout, une porte d'entrée pour le recruteur."
Réquisitoire 3 - Jean-Emmanuel Besset
Extrait du réquisitoire
" Ses recherches se focalisent sur les mots clés pré-pubères, Ken et Lolita. Il n'y a aucun doute sur le choix de ces mots sur ces mots qui claquent et qui catégorisent des êtres humains comme une marchandise. Sur ces mots qui témoignent de l'attention incontestable de Monsieur Michel d'avoir recours aux services de filles mineures, ces mots qui rendent compte de l'absence totale d'empathie et d'humanité de cet homme envers les jeunes filles dont il a saccagé la jeunesse. Il faut le dire et le répéter, puisque les évolutions législatives en la matière ne suffisent visiblement pas. Les prostituées sont des victimes, elles sont les victimes du plaisir de ces hommes qui, à l'instar de Monsieur Michel, ne considèrent les autres qu'au regard de leurs intérêts et de leurs désirs propres, sans jamais imaginer combien de souffrances ils causent, combien de vies ils foutent en l'air et combien d'enfances ils ont détruites."
Réquisitoire 4 - Géraud de Vallavieille
Extrait du réquisitoire
" ll n'y a aucune ambiguïté possible : Pierre n'est pas un loverboy. Il n'est pas non plus un protecteur, c'est un proxénète qui s'est rendu coupable de faits de proxénétisme aggravé sur mineur de 15 ans.
Yasmine n'est pas une grande sœur. Ce n'est pas un intermédiaire. C'est une proxénète qui s'est rendue coupable de faits de proxénétisme aggravé sur mineur de 15 ans.
Il n'y a pas la prostitution glauque sur les trottoirs et la prostitution chique dans les centres-villes. Il n'y a pas d’escorting, il n'y a pas de michetonnage, il n'y a pas de prostitution de luxe... Il y a des criminels qui doivent être punis. Et il y a des victimes qui doivent être protégées."Réquisitoire 5 - Julia Skop
Extrait du réquisitoire
" Au final, Michel soutient qu’il découvre juste qu’Amélie est mineure et qu’elle faisait partie d’un réseau. En est-il bouleversé ? A-t-il des remords ? Aucunement, au contraire, sa colère redouble. Pourquoi Amélie n’est-elle pas aussi poursuivie ? Après tout, ce serait lui le dindon de la farce qu’on a trompé sur la marchandise ! Peut-être même voudrait-il qu’on lui rembourse les six passes consommées? Etrange inversion des rôles. Il a détruit la vie d’une enfant. Et il voudrait l’accabler encore davantage ? Sentiment de dégoût, de honte, scarifications, idées suicidaires : ce sont généralement les bagages que traînent les victimes toute leur vie. De biens lourds bagages déjà, pour une fille de seulement 14 ans."
Réquisitoire 6 - Estelle Capra
Extrait du réquisitoire
" Par ailleurs, Michel tente de vous faire croire à une relation d’égal à égal, où chacun des protagonistes ayant été libres et consentants, ils se devraient de comparaître ensemble sur le banc des accusés. Ne vous y trompez pas. Ici, il n’y a pas d’équilibre. Amélie n’a consenti que parce qu’elle y était contrainte, et cette contrainte n’était pas ignorée de Michel. En effet, si la jeune fille était toujours seule lorsqu’elle le rejoignait, c’est toutefois avec Pierre qu’il convenait des transactions au préalable. De sorte que Michel était parfaitement informé de l’existence du réseau et du fait qu’il n’était dès lors question ni de liberté, ni d’indépendance, ni même de consentement pour Amélie.
Quant à la charge de la responsabilité, le législateur est clair. Depuis 2016, la loi a pris acte du fait que les prostituées ne pouvaient être regardées qu’en qualité de victimes. Et comment pourrait-il en être autrement ? "
Réquisitoire 7 - Mathilde Le Collonnier
Extrait du réquisitoire :
"Or, contrairement à la pop culture environnante, une Lolita, elle, n'a pas 18 ans ou 16 ans, une Lolita, elle a 12 ans. Une personne pré-pubère n'est pas non plus une jeune adulte mais bien un enfant âgé d'entre 9 et 12 ans. Et c'est justement cette extrême Jeunesse qui a conduit Michel à réitérer à 6 reprises son dessin criminel dans des Airbnb bons marchés de Poitiers. C'est justement cette extrême Jeunesse apparente d'Amélie qui va me conduire, moi, à estimer que Michel en fait, il savait. Michel connaissait parfaitement l'âge d'Amélie. Alors, si les faits s'étaient déroulés postérieurement au 23 avril 2021, j'aurais pu arrêter ma démonstration juridique à cet instant. En effet, depuis cette date, le législateur n'exige plus de démontrer la contrainte, la violence et la surprise pour caractériser le viol sur mineur de moins de 15 ans. Le postulat de ce changement des mentalités est crucial. La société considère qu'un enfant de moins de 15 ans n'a pas le discernement nécessaire pour consentir à un rapport sexuel avec un adulte."
Réquisitoire 8 - Aude Catella
Extrait du réquisitoire :
"le visage de protecteur de deux jeunes filles livrées à elles-mêmes, sans doute est-ce bien celui que Pierre a d’abord montré à ses victimes pour gagner leur confiance ; mais c’est surtout celui qu’il a utilisé pour leur imposer une première relation sexuelle avec deux hommes présentés comme ses plus proches amis. Imposer, je pèse mes mots, car quel autre employer lorsqu’un adulte demande à deux jeunes filles de 14 ans qu’il nourrit, qu’il héberge, dont il a à dessein cherché à gagner la confiance, de lui rendre un « service », en leur faisant bien comprendre que le confort de vie auquel il leur a fait goûter et dont elles ne peuvent plus s’extraire en dépend ?"
Réquisitoire 9 - Cécile Delignon
Extrait du réquisitoire :
" Travestir la réalité du viol sous les oripeaux de la transaction économique ne doit pas vous aveugler. Monsieur F. N'est pas seulement devant vous pour avoir sollicité les services d'une prostituée mineure, il est devant vous pour avoir commis 6 viols sur une mineure de 14 ans. Il ne m'appartient pas à moi aujourd’hui de dire s'il est plus grave de violer où d'organiser les conditions de réalisation de ce viol afin d'en tirer un bénéfice économique. C'est pourquoi je requiers la même peine pour Monsieur F que pour Monsieur B. 12 ans de réclusion criminelle. L'adolescence, pour paraphraser Victor Hugo, est à la fois une Aube et un crépuscule. Où se mêlent la fin de l'enfant que l'on a été et le début de l'homme ou de la femme que l'on deviendra ? C'est cela, et rien de moins que l'on a pris à Inès et Amélie dans cette affaire, chacun selon ses motivations. Madame A et Monsieur B par Vénalité, Monsieur F. pour satisfaire ses désirs sexuels."Réquisitoire 10 - Belkacem Ait-Azzouzene
Extrait du réquisitoire :
"Amélie et Inès ne sont pas des filles de joie, des escorts, des Call Girls, des racoleuses. Vous les nommerez comme il se doit (...) Vous leur accorderez les mots justes. Ce sont des victimes, ce sont des survivantes. Survivantes de Yasmine, de Pierre et de Michel. Michel, qui n'est pas un 'consommateur' mais l'une des causes de la souffrance de ces survivantes, âgées de moins de 15 ans. Un prostitueur, un père de famille de 39 ans, un homme qui encore aujourd'hui, ne semble pas comprendre ce qu'il fait là, ne comprend pas pourquoi il est assis à côté de Pierre et de Yasmine. (…) Gisèle Halimi expliquait que les mots ne sont pas innocents. Ils traduisent une idéologie, une mentalité, un état d'esprit. Laissez passer un mot, c’est le tolérer. Il n'en est plus question aujourd'hui. Il n'en est pas question à l'avenir. Il n'est pas question à l'avenir, d'entendre parler de tapin, de besoin, de passe, de consommateurs, de clients, de protecteurs. Il faut savoir choisir ses mots."
Le Jury
Des personnalités engagées du monde de la presse et des médias, de la justice, de la politique, des associations, de l'action sociale, du monde artistique
Hélène Bidard
Adjointe à la Maire de Paris
chargée de l’égalité femmes hommes,
de la jeunesse et de l’éducation populaire
Gilles Charbonnier
Avocat Général
Chef du pôle des missions transversales
Cour d'appel de Paris
Laure Daussy
Journaliste à Charlie Hebdo, Enquêtes et Reportages.
Isabelle Germain
Journaliste, Formatrice et Auteure. Fondatrice du journal en ligne "Les Nouvelles News"
Rosen Hicher
Militante abolitionniste, Survivante Initiatrice de la Marche pour l'Abolition
Isabelle Linnartz
Actrice, auteure et metteure en scène
Maud Olivier
Rapporteure de la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel, elle a été Députée, Conseillère Générale de l'Essonne et Maire des Ulis. Membre du bureau d'Élues Contre les Violences faites aux Femmes et de l'association des anciennes députées. Membre de l'Assemblée des Femmes.
Céline Piques
Autrice, Co-Présidente de la commission Violence du Haut Conseil à l'Egalité, réprésentante de l'association "Osez le Féminisme"Alexine Solis
Survivante Abolitionniste
Un partenaire engagé : l'École NAtionale de la Magistrature
Ajoutez et réorganisez tous les composants que vous voulez.
6ème collaboration
L’Ecole Nationale de la magistrature (ENM), située à Bordeaux, a été créée en 1958 sous le nom de Centre national d’études judiciaires. Son statut d’établissement public administratif national placé sous la tutelle du Ministre de la Justice, donne à l’ENM une autonomie de ses moyens d’action administratifs et financiers.
L’ENM assure 5 missions principales : organisation des concours d’accès ; formation initiale des auditeurs de justice, futurs magistrats français ; formation continue des magistrats français en fonction ; formation des magistrats d’États étrangers liés à la France par des accords de coopération ; formation de juges non professionnels, des juges consulaires et de proximité, et de certains collaborateurs de justice.
2 Mai 2022, juste après leur prestation
Un résumé des réquisitoires :
Agenda
Cérémonie
la Cérémonie de remise des prix aura lieu le
Vendredi 17 févrierentre 16h45 et 19h
à l'auditorium de l'Hôtel de VilleVOTES EN LIGNE
les votes en ligne seront ouverts au public
du Mercredi 25 janvier (00h00) au vendredi 10 février (00H00)1 vote par adresse mail/ip/personne
(informations à suivre)